Legrand Josiane De l’artisanat au grand art « Fendre l’air » Dans son verger, mon grand-oncle, cultivait le bambou. Le bambou formait une palissade protectrice aux arbres fruitiers. Elle était peu dissuasive pour les garnements qui aimaient chaparder ses fruits. En prévision des longues soirées d’été, mon grand-oncle choisissait et coupait des longues tiges de bambou. Il les baignait dans une eau tiède et les fendait. Lorsqu'il avait réuni suffisamment de matériaux, ses outils à portée de mains, il commençait. J'aimais regarder l'agilité de ses doigts, dessous, dessus, dessous, dessus, il se servait des brins de bambou effilés comme un tisserand. Peu à peu un panier prenait forme. Ses paniers étaient d'une manufacture grossière comparée à la vannerie japonaise. Les paniers qui sont sous mes yeux, en cette après-midi au Quai Branly sont de vraies œuvres d'art. Trop beau pour aller ramasser les œufs et les légumes du jardin. Pourtant, c'es