Josiane Legrand fdls
Entrée dans une balade sans but, le nez
en l’air, mes yeux se posent sur une flèche. Elle émerge des toits,
elle s’élance vers le ciel comme pour le transpercer. Qui est-elle ? Me
voici au Palais de Justice de Paris, je longe son enceinte, le grand
portail doré, une affichette indique« Sainte Chapelle». Une petite porte
lui donne accès. La sécurité nous accueille, tapis roulant avec
scanner, portique de lecteur de métaux. Un bref instant, j’ai pris la
flèche de la Chapelle pour une fusée et ma visite pour un embarquement
vers la Lune ! Au passage, je remercie le personnel de la sécurité.
Avec eux, nous sommes en éveil des dangers possible.…
L’écrin est constitué de deux niveaux.
Un premier niveau : Au centre du portail de la CHAPELLE BASSE,
Marie, patronne du Elle m’invite au
recueillement, au silence du cœur et à relire ainsi mon histoire
jusqu’au ventre de ma mère ! La Chapelle basse, invite le pèlerin a un
mouvement d’intériorisation. C’est l’effet de ce lieu : l’émotion qui
est montée en moi !
sanctuaire, accueille les pèlerins. Peu de monde en
ce tout début de matinée, mais très vite des touristes de toutes langues
se multiplient, trop vite pour admirer paisiblement ces lieux. Peu
éclairée, elle est destinée à accueillir le personnel du Palais de
Justice, les paroissiens, le peuple…
Un deuxième niveau : la CHAPELLE HAUTE.
Pour accéder au niveau supérieur, j’emprunte un
escalier étroit, ne laissant passer qu’une personne, comme la porte appelée le chat de l’aiguille. Il est en colimaçons, ne faisant qu’un avec le mur de construction. Au bout de tunnel, une explosion de lumière, le bleu et le rouge dominent. Des murs de verre s’élèvent propulsant la flèche de la Chapelle, dans les cieux. La prouesse technique est à vous couper le souffle !
escalier étroit, ne laissant passer qu’une personne, comme la porte appelée le chat de l’aiguille. Il est en colimaçons, ne faisant qu’un avec le mur de construction. Au bout de tunnel, une explosion de lumière, le bleu et le rouge dominent. Des murs de verre s’élèvent propulsant la flèche de la Chapelle, dans les cieux. La prouesse technique est à vous couper le souffle !
Le nez en l’air, mes yeux se plissent
au déchiffrage des scènes représentant toute l’histoire du peuple élu
et les balbutiements de la vie chrétienne. Les proportions de la
Sainte-Chapelle, considérées comme les plus parfaites que l’on connaisse
dans l’art gothique, sont de 36 mètres de longueur hors œuvre ; 33
mètres dans œuvre ; largeur extérieure, 17 mètres ; intérieure, 16m, 70 ;
élévation extérieure depuis le sol jusqu’à la pointe du pignon de la
façade, 42m,50 ; hauteur de la flèche au-dessus du comble, 33m,25. Je
dois prendre des pauses afin de soulager mon cou en souffrance. Quelques
chaises sont offertes pour admirer plus confortablement. La beauté
porte à la prière, chaque vitrail est une page ouverte de l’Écriture, du
compagnonnage du Père avec toute l’Humanité qu’Il veut conduire au
bonheur.
Contrairement à la vision sombre du XIVe siècle, la Passion, représentée sur une face de la grande est perçue comme indissociable de la Résurrection du Christ. En dépit de la représentation de scènes de martyres sous les arcatures plaquées des soubassements des fenêtres, le programme symbolique de la chapelle haute et toute son architecture expriment l’optimisme
qui émane de l’élévation vertigineuse de l’espace, de la haute flèche,
de la dématérialisation de l’espace où le verre le remporte sur les
murs, et de l’harmonie des couleurs. La flèche est une nouvelle tour de
Babel, qui, fondée sur le Christianisme, ne s’écroule pas. Les piliers
entre les travées sont munis des statues des Douze Apôtres, qui par leur
prédication ont formé les colonnes sur lesquelles repose l’église. Les
vitraux illustrent l’histoire du peuple de Dieu, et mettent en scène les
précurseurs, à savoir les Prophètes et saint Jean le Baptiste. Dans son
ensemble, le programme symbolique de la Sainte-Chapelle et la
signification de son architecture est compris et appréciés par les
contemporains. La Sainte-Chapelle constitue aussi la matérialisation
réussie d’un rêve, celui d’un édifice aux murs de lumière ou d’une image
du Jérusalem céleste. C’est aussi la fusion de tous les arts du XIIIe
siècle : architecture, sculpture, peinture, art du vitrail, orfèvrerie
(pour les châsses), enluminure (pour les missels et évangéliaires) et
musique (pour le chant des chanoines et leurs diacres).
châsse,
châsse,
Une page d’histoire
Édifiée sur l’île de la Cité, la
Sainte-Chapelle (également nommée Sainte-Chapelle du Palais) fut
spécialement bâtie afin d’accueillir la Couronne d’Épines, un morceau de
la Vraie Croix et autres reliques de la Passion.
En 1237, Baudouin II,
empereur de Constantinople, de la maison de Flandre, épuisé par les
guerres qu’il avait à soutenir contre les Grecs, vint en France demander
du secours au roi Saint-Louis. En échange d’une grosse somme d’argent,
il lui engagea son comté de Namur, et lui permit de dégager les saintes
reliques de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à savoir la
couronne d’épines, l’éponge qui avait essuyé son sang et sa sueur, la
lance dont il avait eu le côté percé, et sur lesquelles les Vénitiens,
les Génois, l’abbesse de Perceul, Pierre Cornaro et Pierre Zauni avaient
prêté 13,000 huperpers.
En 1238, le saint roi Louis
déposa les reliques dans l’oratoire de la Vierge, en attendant qu’il
élevât un monument digne de les recevoir. Ce fut la Sainte-Chapelle,
dont il posa la première pierre en 1245. Il en avait confié l’exécution à l’architecte Pierre de Montreuil ou de Montereau. En trois ans, elle fut achevée ; l’inauguration en eut lieu le dimanche de la Quasimodo, 25 avril 1248.
En 1789, la Sainte
Chapelle fut une des premières cibles des révolutionnaires. Les
reliquaires et les coffrets ont été transférés à l’Hôtel de la Monnaie
pour y être fondus. Finalement, seule la Couronne d’Épines a pu être
sauvée de ce carnage. Elle repose aujourd’hui à Notre Dame de Paris.
La Sainte Chapelle a été sauvée en 1830, par l’opinion publique sensibilisée à travers et grâce au roman «Notre-Dame de Paris» de Victor Hugo. Voilà comment la littérature est venue en aide à l’architecture.
La Sainte Chapelle a été sauvée en 1830, par l’opinion publique sensibilisée à travers et grâce au roman «Notre-Dame de Paris» de Victor Hugo. Voilà comment la littérature est venue en aide à l’architecture.
Si la Sainte-Chapelle est officiellement
désaffectée du culte depuis la Révolution, elle est périodiquement
rendue à sa destination première. Ainsi, le Groupe catholique du Palais,
qui rassemble des magistrats, des avocats, des greffiers, et des
membres du personnel du palais de justice de Paris, assure depuis
l’entre-deux-guerres, la présence spirituelle catholique en la
Sainte-Chapelle. L’aumônier du groupe célèbre chaque année une messe de
souvenir à la Toussaint, ainsi qu’une messe de la Saint-Yves au mois de
mai, l’un des saints patrons des juristes.
Le 21 mars 2014, à
l’occasion de l’ouverture de l’année Saint-Louis, le cardinal André
Vingt-Trois, archevêque de Paris, a conduit en procession la Sainte
Couronne d’épines depuis la cathédrale Notre-Dame de Paris jusqu’à la
Sainte-Chapelle pour la première fois depuis l’Ancien Régime52. Une
messe solennelle y fut célébrée, et retransmise en direct sur un écran
géant installé place Louis-Lépine.
Je vous invite à vous glisser
dans cet écrin de pierre et de lumière … «Nous ne sommes pas des
reliques me direz-vous !» Nous sommes pourtant héritières et héritiers
de cette histoire qui a façonné notre Humanité. Un passage par cet écrin
ne peut-il pas raviver en nous la foi chrétienne ?
Sources Wikipédia et guide audio