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COMMUNIQUER FAIT DE NOUS DES ÊTRES HUMAINS


Josiane Legrand, Fille de la Sagesse


Durant plusieurs semaines, le film, « Marie Heurtin », est resté en tête d’affiche dans nos salles de cinémas. Avec une amie, nous sommes allées voir ce film incontournable pour nous, Filles de la Sagesse. Les premières images nous présentent Marie comme un «petit animal sauvage» en compagnie de son Père : elle est sourde et aveugle. Monsieur Heurtin souhaite la confier aux sœurs qui dirigent une institution pour jeunes filles sourdes. Marie s’y révèlera d’une grande intelligence.  L’amour et  la ténacité de sœur Marguerite, Fille de la Sagesse, vont la conduire à la parole.

—  « Aujourd’hui, j’ai rencontré une âme…  Une âme toute petite, toute fragile, une âme emprisonnée, mais une âme que j’ai vue luire de mille feux à travers les barreaux de sa prison […] Comment communiquer avec cette petite, enfermée dans la nuit et le silence ? La petite Marie semble vivre dans un pays étranger… »  (Sœur Marguerite, dans « Marie Heurtin», dialogue du film)
— « Quand je suis arrivée à Larnay, je ne comprenais rien, j’étais très ignorante, je ne savais ni écrire, ni lire, ni tricoter. […] Ma maîtresse a été patiente car j’étais comme un petit démon pendant quelques mois.
Avant, […] tout ce que je touchais me faisait mettre en colère, car je ne comprenais rien ; maintenant je touche avec plaisir tout ce qui m’entoure pour m’instruire. Je suis très curieuse de voir par mes doigts. Autrefois j’étais malheureuse, maintenant je suis heureuse et contente. »

(Marie Heurtin, sourde-muette-aveugle de Larnay, près de Poitiers)
Les dernières images nous montrent Marie sur la tombe de sœur Marguerite Le visage tendu vers le ciel, elle rend grâce pour   la  parole.

Permettez-moi de vous confier une expérience personnelle avec cette Marie, si touchante …
Il y a quelques années, je suis allée à l’institution de Larnay et comme nous le voyons dans le film, je me suis laissée toucher… J’ai rencontré Yvette, sourde et aveugle. Pour me connaître et me reconnaître, elle a visité mes mains et mon visage avec délicatesse, elle a pris son temps, enregistrant chaque détail de ma personne par ses mains. Cela n’est pas simple de se laisser toucher de cette manière. Notre intimité est comme mise à nue. Puis Yvette associa la géographie de mes mains et de mon visage à mon prénom signé dans le creux de sa main par une personne sourde. Yvette ne m’a jamais oubliée. A chacune de mes visites, au contact de mes mains, effleurant mes traits, elle me reconnaissait ! Quelle merveille !

Nous utilisons 99%  de nos yeux et de nos oreilles pour percevoir le monde.  Nous prenons conscience qu’une perception est bien plus fine en utilisant chacun de nos sens. Communiquer fait de nous des êtres humains. La confrontation au quotidien, de nos semblables  et de tout être vivant, nous fait grandir en humanité.  Nous sommes des êtres de relation et nous avons la responsabilité de tenir éveillé chacun de nos sens. Ils nous ouvrent au monde. Le film traitant de l’évolution de Marthe Heurtin en témoigne largement !

(*Née sourde et aveugle en 1885, Marie Heurtin est, à 10 ans, incapable de communiquer. Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre, comme le lui conseille un médecin qui la juge “débile”, à la faire interner dans un asile. En désespoir de cause, il se rend à l’Institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge de jeunes filles sourdes. Malgré le scepticisme de la Mère Supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, se fait fort de s’occuper du “petit animal sauvage” qu’est Marie et de tout faire pour la sortir de sa nuit. Elle y parviendra, malgré les échecs, la tentation du découragement, armée de sa foi joyeuse et de son amour pour la petite Marie.)


Pour aller plus loin cliquez sur le lien
http://www.marieheurtin-lefilm.com/

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