Josiane Legrand fdls
En effet, si de nombreux immeubles ont bénéficié d’une réhabilitation, 12 immeubles sonttombés morceau par morceau, sous la mâchoire de la grignoteuse. Ce qui représente environ 450 appartements. Devant les deux tours plantées au centre du quartier, je me souviens de la foule qui s’était rassemblée. J’étais du nombre. La grignoteuse avec son bruit assourdissant a commencé son œuvre de démolition. Des pans de murs tombaient, une grande partie du vécu des habitants, se morcelait. Certains désignaient leur appartement, dont l’intérieur était dévoilé … Sur les murs, un poster laissé ; un intérieur joliment aménagé témoignaient d’une vie heureuse. Durant des mois, la Cité a résonné de l’œuvre de la destruction avec son nuage de poussière, nous poussant à fermer portes et fenêtres. Les spectateurs se sont dispersés, l’évènement est devenu quotidien. Dans l’air, une pesante tristesse s’est mise à planer. Lorsque le tour de notre immeuble est arrivé, comme pour eux, à me faire mal, mon cœur s’est serré dans ma poitrine. La maison, notre maison n’est-elle pas investie de notre affectivité ? Elle est notre refuge, … la voir réduite en poussière est déstabilisant…
De nouveaux logements sont sortis de terre. Une maison des associations a vu le jour, le local sportif incendié a été reconstruit plus moderne et fonctionnel, un centre médical est en projet, l’école continue de faire peau neuve … Une réhabilitation par la démolition. Bien sûr, si le papier peint des murs de la Cité a changé, les habitants vivent toujours des fins de mois difficiles et tremblent pour l’avenir de leurs enfants. Mais cependant, l’espérance fait battre le cœur de notre quartier, de nouveaux arrivants apportent la couleur de leur richesse culturelle, une nouvelle vie est en devenir. Nous réapprenons à vivre et à recréer des liens.
La Communauté des Filles de la Sagesse est arrivée en 2002 sur
ce quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes. En 2005, la Loi Borloo
Populaire*, nous a désinstallées, comme nos voisins. La
Tour Rouge, appelé ainsi, en raison de sa robe de briques rouges, était
la plus ancienne sur le quartier. Début 2013, la tour Rouge est tombée
et avec sa disparition, le temps de la relecture est venu. Une page de
l’histoire du quartier a tourné. La réhabilitation par la démolition a
occasionné un renouveau au cœur des blessures.
En effet, si de nombreux immeubles ont bénéficié d’une réhabilitation, 12 immeubles sonttombés morceau par morceau, sous la mâchoire de la grignoteuse. Ce qui représente environ 450 appartements. Devant les deux tours plantées au centre du quartier, je me souviens de la foule qui s’était rassemblée. J’étais du nombre. La grignoteuse avec son bruit assourdissant a commencé son œuvre de démolition. Des pans de murs tombaient, une grande partie du vécu des habitants, se morcelait. Certains désignaient leur appartement, dont l’intérieur était dévoilé … Sur les murs, un poster laissé ; un intérieur joliment aménagé témoignaient d’une vie heureuse. Durant des mois, la Cité a résonné de l’œuvre de la destruction avec son nuage de poussière, nous poussant à fermer portes et fenêtres. Les spectateurs se sont dispersés, l’évènement est devenu quotidien. Dans l’air, une pesante tristesse s’est mise à planer. Lorsque le tour de notre immeuble est arrivé, comme pour eux, à me faire mal, mon cœur s’est serré dans ma poitrine. La maison, notre maison n’est-elle pas investie de notre affectivité ? Elle est notre refuge, … la voir réduite en poussière est déstabilisant…
Des familles sont restées, comme nous, sur le quartier, dans des
immeubles réhabilités ou neufs. D’autres sont parties pensant trouver
mieux ou n’ayant que le choix de s’exiler. Aujourd’hui, la Cité
prend peu à peu un nouveau visage, mais les problèmes d’hier sont
toujours là. Nous retrouvons de nombreuses familles exilées qui
reviennent vivre leur pratique religieuse à la paroisse comme à la
Mosquée, revenant rencontrer les ami (e)s, déambuler sur notre marché
aux allures de souk.
De nouveaux logements sont sortis de terre. Une maison des associations a vu le jour, le local sportif incendié a été reconstruit plus moderne et fonctionnel, un centre médical est en projet, l’école continue de faire peau neuve … Une réhabilitation par la démolition. Bien sûr, si le papier peint des murs de la Cité a changé, les habitants vivent toujours des fins de mois difficiles et tremblent pour l’avenir de leurs enfants. Mais cependant, l’espérance fait battre le cœur de notre quartier, de nouveaux arrivants apportent la couleur de leur richesse culturelle, une nouvelle vie est en devenir. Nous réapprenons à vivre et à recréer des liens.